Page:Petrović-Njegoš - Les Lauriers de la montagne, trad. Veković, 1917.djvu/140

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qui nous massacre depuis Kossovo,
qu’à cet autre malheur, s’il est vrai.
Voilà déjà six à sept ans
que vient parmi nous une prophétesse,
elle se dit d’Antivari,
elle donne des herbes pour guérir
et fait des amulettes
pour préserver les gens du fusil.
Tout le monde la croit, Dieu me pardonne,
comme si elle voyait par le moyen du Saint-Esprit !
Le diable l’a amenée parmi nous
il y a déjà deux ou trois semaines ;
et maintenant, ce qu’elle n’a jamais fait,
elle nous désigne les sorcières.
Elle en a dénoncé une vingtaine
et se compte elle-même parmi le nombre.
Elle dit que cinquante têtes déjà
ont été mangées[1] par elles :
ce sont des enfants qui sont morts
ou des jeunes gens tombés d’un coup de fusil.
Le peuple est tout en émoi,
personne ne sait ce qu’il faut faire.
Chacun déteste son prochain.
Nous avons eu des difficultés

  1. Croyance populaire : les sorcières mangent, c’est-à-dire indiquent les têtes qui doivent mourir.