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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/100

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gatienne

Fabrice s’enivrait à ces signes certains de sa divine victoire.

Ils se parlaient fort peu, ou du moins n’échangeaient que des paroles banales. Mais leurs voix avaient des contacts comme leurs regards, plus sensibles peut-être ; elles s’envoyaient de mutuelles caresses. Ils restaient parfois tout éperdus de sentir courir dans leurs nerfs ces ondes sonores vibrantes de tendresse et de passion.

L’hiver approchait ; déjà les soirées devenaient moins intimes ; le salon se remplissait. Des hommes inconnus à Fabrice entouraient Gatienne de soins admiratifs, hautement avoués. Quelques-uns, artistes comme elle, unissaient leurs voix à sa voix merveilleuse. On dansa ; il la vit emportée par des bras qui n’étaient pas les siens dans le vertige troublant des valses.

Il pensa devenir fou et fut pris d’une peur atroce.

S’il s’était trompé ? si elle ne l’aimait pas ? si elle en aimait un autre ? Une jalousie aiguë le tenaillait sans qu’il osât mettre fin à son martyre par une démarche décisive. La crainte d’être repoussé augmentait sa timidité.

Albert Powski lui vint en aide.