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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/99

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gatienne

Au bout d’un mois, elles étaient intimes ; en se revoyant et en se quittant, elles s’embrassaient.

La petite parlait toujours de son frère ; et Gatienne l’écoutait maintenant, les yeux fixés devant elle, raidie par l’effort d’une volonté nouvelle.

Après avoir lutté contre la passion violente qui lui était venue, elle s’acharnait aujourd’hui à se convaincre qu’elle avait le droit d’aimer.

De son cœur foulé et refoulé depuis huit ans par le désespoir de son indignité, une révolte soudaine jaillissait. Le droit à la vie et au bonheur, ce besoin que ressentent tous les êtres, s’emparait d’elle, impétueux, impitoyable, pour avoir été longtemps méconnu.

L’amour de Fabrice lui arrivait comme une révélation de ses forces. Quelque chose d’ignoré jusqu’alors éclatait en elle.

De la vierge souillée mais chaste, la femme s’élançait avec ses ardeurs inconscientes pour l’œuvre de vie à laquelle elle est destinée.

Son corps perdait de sa rigidité ; une mollesse la ployait ; de sa peau brûlante s’exhalait le parfum qui s’échappe la nuit des fleurs amoureuses.