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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/102

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gatienne

lage des bonheurs auxquels elle renonçait. Elle lui montrait les joies d’un joli ménage, lui faisait un tableau ravissant des amours de bébés qu’elle n’aurait pas.

À quoi Gatienne, torturée, répondait avec un sourire :

— Bah ! grand’mère, je ferai comme vous ; j’adopterai une gamine qui en adoptera une autre à son tour. Et votre famille se perpétuera ainsi jusqu’à la fin des siècles.

Elle songeait en effet à organiser un ordre de succession bizarre, faisant passer de main en main, dans une dynastie ininterrompue d’orphelines, le flambeau de la charité que la première elle avait reçu.

Mais voilà que tout cela s’enfuyait dans un passé qu’elle ne voyait déjà plus.

Tout disparaissait en présence de cette possibilité de vivre, d’aimer, qu’elle discutait encore âprement dans le trouble de sa conscience.

Avant de connaître Fabrice, elle languissait solitaire, comme une religieuse dans ses vœux ; mais c’est à peine si elle se souvenait de les avoir prononcés. La cause première s’effaçait peu à