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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/103

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gatienne

peu de ses souvenirs, se noyait dans les brumes déjà lointaines de son enfance.

Il lui restait de son malheur une mélancolie vague et une résolution farouche de garder son cœur. C’était tout.

Elle avait retrouvé le calme d’une vie chaste.

Cela surtout depuis que Robert ne se montrait plus. Car il l’avait poursuivie longtemps. Longtemps elle le trouva sur ses pas, suppliant ou menaçant, mais toujours obstinément épris.

Un jour, il y avait deux ans, elle sortait de l’église, il l’accosta et, rudement, lui saisit le bras.

— Écoute, Gatienne, je t’aime toujours. Veux-tu me pardonner, me recevoir ?

— Lâchez-moi.

— Une dernière fois, Gatienne ! J’ai pris une longue patience. Mais je ne suis pas à bout. Je te veux !

— J’appelle, dit-elle froidement.

Il la lâcha.

— C’est bien ; maintenant, vous pouvez vous marier.

Il la salua et s’éloigna en sifflant.