Aller au contenu

Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
96
gatienne

Elle ne l’avait plus revu. Elle l’oubliait.

Mais son amour pour Fabrice remua son être jusqu’en ces profondeurs où dormaient ses lointaines hontes.

C’est alors qu’elle se débattit. Après tout, était-ce juste que, victime d’un attentat, elle le fût encore d’un préjugé absurde ?

Quel mal avait-elle fait ?

Pourtant un effroi l’arrêtait : devait-elle tromper l’honnête homme qui la croyait pure ? Peut-être !…

Un vague sentiment d’égalité morale lui rappelant que l’homme n’est tenu, lui, à aucun aveu, elle pensait : Et pourquoi la femme ? La société l’ordonne ainsi : c’est sa loi. Une loi que l’homme a faite. Eh bien, si elle, la femme, repoussait ?

Quoi ! victime et flétrie ?

Lui est le voleur, et elle est l’infâme ?

Elle est dépouillée, et il faut qu’elle demande grâce ?

Elle porte le stigmate d’un crime qui n’est pas le sien, et elle en doit faire l’aveu sous peine d’indignité ?