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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/105

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gatienne

Et la femme se résout à ces ignominies ? Elle souffre qu’on déchire ainsi les voiles où sa pudeur s’abrite ?

Eh ! n’a-t-elle pas le droit de se soustraire à ces hontes, de se défendre contre ces lâchetés, lorsqu’elle le fait dans la sincérité de sa conscience ?

Gatienne, livrée à la logique inflexible qui avait formé son jugement, sentait une volonté virile s’emparer d’elle et la relever de l’abaissement moral que les préjugés voulaient lui infliger.

Non, elle ne devait nul aveu à Fabrice, qui ne lui en devait aucun.

Avant de se connaître, existaient-ils l’un pour l’autre ? Elle ne se souvenait pas d’avoir vécu sans lui. Ils se rencontraient au milieu de la vie, ils s’aimaient, ils s’unissaient. De cette heure seulement datait leur devoir de sincérité réciproque.

Que venait faire là un passé où ils n’avaient pas marché ensemble ? et, dans ce passé, une heure d’angoisse ?

Non, elle ne dirait rien, car Fabrice la repousserait peut-être, et plutôt mourir ! Et s’il ne la repoussait pas ! Oh ! souiller de ce souvenir leur premier baiser ! Non, non, mieux valait renoncer à lui !