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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/106

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gatienne

— Et je l’aime, pensait Gatienne, je l’aime à supporter toutes les tortures, à accepter tous les remords, mais avec lui, pour lui !…

Alors elle se levait, emportée par sa passion, et courait à grand’mère, prête à crier :

— J’accepte, appelez-le…

Soudain une confusion la prenait, un effroi qui la laissait glacée, presque inerte, sous les caresses épouvantées de la vieille fille.

Cette lutte se prolongeait. Elle n’avait pas reparu aux soirées d’Albert Powski, laissant un grand vide que l’on remplissait en s’entretenant d’elle.

Fabrice savourait là une douleur atroce.

Tous ces propos qui effleuraient la beauté, les talents, la noblesse de la jeune fille, lui semblaient des familiarités déplacées, des révélations blessantes. Dans son avidité jalouse, il eût volontiers pris comme une injure l’admiration enthousiaste qu’elle soulevait.

— Voyez-vous, disait-il à Albert, si je savais qu’elle eût encouragé seulement l’un de ces hommes, je ne sais pas ce que je ferais.

— Heureusement qu’elle les a tous évincés, répondit-il.