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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/114

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gatienne

ment. Elle ouvrait très grands ses yeux fixes.

— Je disais donc, déclara Clotilde installée sur les genoux de Gatienne et se renversant sur sa poitrine, que l’on se mariait dans quinze jours. N’est-ce pas, ma sœur ?

Gatienne eut un sourire d’extase et répondit tout haut en berçant Clotilde :

— Dans quinze jours !

Mademoiselle Prieur tremblait de tout son corps ; sa tête blanche s’agitait d’un mouvement rapide. Elle regarda Fabrice, muette, bouleversée.

Lui, comme s’il eût retrouvé soudain la folie de ses jeunes années, courut sur elle, tête baissée, se jeta à son cou, l’embrassa, la souleva, criant des choses absurdes.

Alors elle voulut rire, un bonheur trop grand s’étendit sur sa figure, dans ses yeux, sur ses lèvres.

Tout à coup, elle éclata en sanglots. Elle riait tout de même.

— C’est trop bête ! dit-elle en passant sur ses yeux le dos de sa main ; mais il faut que je pleure !…

Et, pour qu’on ne la vît pas pleurer, elle se sauva.