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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/116

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gatienne

riches intérieurs bourgeois l’entraînait à des exagérations de fantaisie qui bouleversaient tous les sages projets d’installation de mademoiselle Prieur.

La vieille fille perdait l’esprit à regarder taillader, pour les ajuster au plafond, ces soies de la Chine où couraient, sur un fond d’or, les longues jambes des hérons bleus et nageait le ventre d’argent des hirondelles. Elle tâtait les portes disparues sous la robe authentique d’un pontife d’Asie où flambait un soleil, sous la nappe frissonnante de quelque immense plumage d’oiseau blanc dont la tête large, aux yeux de rubis, les pattes croisées et les ailes déployées décoraient le milieu du panneau.

Elle cherchait le mur à travers les arabesques d’or du vieux cuir de Cordoue. Cela renversait toutes ses idées de bonne femme économe et simple ; et elle secouait la tête, songeant aux enfants qui mettraient leurs petits poings rageurs dans ces curiosités coûteuses. Mais elle ne s’étonnait pas des extravagances de Fabrice. Elle-même se livrait à des folies inavouables. Le trousseau de Gatienne semblait destiné à une princesse. Il y avait des batistes, des broderies, des dentelles