Aller au contenu

Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
114
gatienne

— Oh ! que tu es belle ! oh ! que je t’aime !…

Elle inclina son front sur ses mains jointes, les yeux clos, extasiée.

Après la bénédiction, une jeune fille fit entendre le Salutaris.

Clotilde dit presque haut :

— C’est la musique de ma belle-sœur. Une surprise ; je l’ai copiée sans qu’elle s’en doutât.

Mademoiselle Prieur reconnut ce chant. Gatienne l’avait composé vers l’âge de dix-sept ans, au moment de ses grandes tristesses.

La mariée le reconnut aussi sans doute. Elle décroisa ses mains et y cacha son front.

La voix fraîche et un peu troublée de la chanteuse causa quelque étonnement. Dans cet hymne d’une inspiration tourmentée, les notes claires s’envolaient, se précipitaient très haut, plaintives. L’illusion venait, en face de l’autel, de quelque ange désespéré qui briserait ses ailes aux pierres de la voûte. Un silence suivit.

Immédiatement Albert Powski reprit l’orgue et, du coup d’une improvisation brillante, chassa le nuage de tristesse qui planait. Un ronflement éclatant comme une formidable fanfare roula sur