Aller au contenu

Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
119
gatienne

Mademoiselle Prieur s’était accrochée d’une main à la cheminée ; mais ses doigts lâchèrent, elle ouvrit la bouche, sans un cri, et tomba raide sur le tapis.

Ses yeux dilatés regardaient en l’air ; sa face se tirait dans un désespoir terrible ; elle remuait les lèvres, s’efforçant de parler ; alors un léger râle lui venait. Elle resta immobile, paraissant songer. Bientôt sa bouche s’emplit d’écume, un filet de sang coulait sur son menton. Elle sentit que l’apoplexie arrivait. Des lueurs jaunes lui passaient devant les yeux. Ses doigts se crispèrent sur la lettre qu’elle tenait de sa main allongée près d’elle, du côté du feu.

Alors, avec ce qui lui restait de courage et de vie, la vieille femme entreprit une œuvre formidable : porter son bras inerte jusqu’au foyer et brûler la lettre.

Elle fit un mouvement pour se rouler vers le feu et retomba sur le dos, comme une masse. Des larmes suintèrent dans ses yeux déjà ternes. Cependant sa pensée dernière restait tenace : on ne devait pas trouver dans sa main le déshonneur de Gatienne.