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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/138

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gatienne

— Faudra voir, dit-elle moqueuse.

Puis elle détala dans une course effrontée qui montrait ses jambes nues, et disparut… mais dans le noir, au plus épais du bois.

Jacques, riant d’aise, la poursuivit. Des lumières passaient maintenant devant les fenêtres, en haut de la maison, avec l’ombre d’une femme qui allait et venait, lente, un fardeau dans les bras qu’elle balançait doucement. Mimi pleurait pour s’endormir. Alors Gatienne chanta ; c’était sa berceuse polonaise où Fabrice retrouvait la poignante émotion des premiers jours. Il s’avança sous la croisée, s’adossa à la banquette de la terrasse et acheva de fumer son cigare, regardant en l’air. Elle le savait là ; elle se penchait parfois, la voix adoucie qu’elle lui envoyait comme une caresse.

Les oiseaux, cachés tout près, avaient brusquement cessé leurs chants. Lorsqu’elle se taisait, cela faisait un grand silence. La nuit était si calme, qu’il entendait Gatienne poser le pied sur le tapis ; ce rythme le berçait aussi. Mimi geignait plus bas.

À travers les bouffées de fumée que Fabrice jetait devant lui, il suivait le jeu des ombres, pour deviner si l’on mettait la fillette au berceau.