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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/154

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gatienne

elle, lui en faisant admirer les reflets, et d’une voix qui prenait les passants à l’autre bord de la chaussée :

— Vingt-neuf sous ! Profitez de l’occasion pour offrir un cadeau à votre amoureux, mademoiselle. C’est tout soie ! En magasin, cela vaut trois francs cinquante. À vingt-neuf sous l’étalage, choisissez !…

Matta allongea la main.

À ce moment, Clotilde lui touchait l’épaule.

— Que faites-vous là ? Ne voyez-vous pas que c’est pour homme ? Venez tout de suite.

Puis elle se retourna prestement et rejoignit sa voiture.

Matta la rattrapa en courant, la poche gonflée, plus rouge que la cravate qu’elle emportait.

Deux heures plus tard, elles rentraient à Saint-Cloud, suivies d’un bagage considérable : les provisions du lendemain. Petits fours de Guillout, plissés de dentelle, pâtés de Julien, fard de Ninon, crevettes et poudre de riz, langoustes et bas de soie brodés avec jarretières tissées d’or, à tout événement.

À cette heure brûlante du jour, les bébés dor-