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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/23

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gatienne

retenue en rapportant que j’avais cassé une vitre ; et c’était elle !

— Ah ! c’était elle ? Eh bien, si elle recommence, tu lui donneras deux gifles. Dans la vie, il faut savoir se défendre.

— Oui, grand’mère.

Quelques personnes se souviennent encore d’un magasin de mercerie, gants, chiffons, de la rue Saint-Dominique-Saint-Germain : « À la fière Créole. »

C’est dans cette boutique qu’était venue échouer mademoiselle Émilienne Prieur quand la révolte des noirs, en 1830, la chassa, presque enfant, des îles Bourbon, où son père, riche colon, venait d’être tué. Un trait d’orgueil lui amena toute la clientèle du faubourg.

Appelée un jour pour une commande chez la duchesse Tascher de la Pagerie, on la fit attendre.

— Allez, dit-elle au laquais, et dites à madame la duchesse que je n’ai pas l’habitude de faire antichambre.

On l’introduisit aussitôt ; et la fière créole devint à la mode.