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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/26

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gatienne

désespoir ; ensuite une prière : aider à la réconciliation. Par quels moyens ? Une entente secrète. Elle vieillissait, la chère âme ; son humeur devenait difficile ; elle avait des rancunes violentes. Insister près d’elle en ce moment perdrait tout. Non, il fallait s’entendre, guetter une heure facile, et la surprendre, l’entraîner ! Au reste, il avait une idée ; mais il espérait bien qu’il la reverrait, elle ! On ne sépare pas ainsi deux bons camarades. On peut se rencontrer. Il demandait une réponse par la même voie, sous sa porte à lui, en passant.

— Grand’mère est folle ! s’écria Gatienne gesticulant des épaules quand elle eut lu ce billet, le soir, assise sur son lit, en travers, ses pieds nus croisés, dépassant sa longue robe de nuit.

Puis elle se jeta à terre, courut à sa table et écrivit :

« Ne vous tourmentez pas : elle avait la migraine aujourd’hui ; ce sera passé demain. Belle raison, ma foi ! pour se brouiller ! Perdez-vous la tête, vous aussi ? Venez donc comme d’habitude ; elle n’y pensera plus. Je vous chanterai ma sérénade ; j’en raffole. »