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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/28

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gatienne

d’une voix moins nette ; car l’émotion de Gatienne la poignait.

Son enfant allait-elle souffrir ? Se serait-elle aperçue trop tard de son inclination pour Robert et des intentions perfides de celui-ci ?

Elle l’avait bien caressé dans sa pensée, ce projet d’union pour Gatienne : la jeune fille pouvait l’avoir rêvé. C’eût été si charmant ! Mais voilà, Robert n’était pas un dévoué.

Mademoiselle Prieur, dans son extrême pureté de fille, n’eut pas un frisson de la pensée qu’un malheur aurait pu se glisser dans cette intimité.

Elle ne trembla que pour l’âme blessée de Gatienne : une mère eût songé à préserver le corps. Sa joie fut grande lorsque, Gatienne la grondant vertement d’avoir, la veille, maltraité ce pauvre Robert, elle ne démêla dans cette colère d’enfant qu’une amitié trop vive pour le banni.

— Je parie que vous lui aurez dit quelque dureté ; c’est pour cela qu’il s’en va ! Si ce n’est pas ridicule de blesser ses amis parce qu’ils ont des opinions que vous n’avez pas ! Vous lui tendrez la main tout à l’heure, j’espère ?…