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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/44

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gatienne

temps que l’anniversaire de sa naissance, la fête du saint dont elle portait le nom, on célébrait, la veille, chez la charmante vieille fille, une fête tout intime qui la comblait de joie et d’attendrissement.

Depuis des années, Robert et Alban, ses deux familiers, arrivaient le soir, les mains pleines de fleurs, et trouvaient leurs couverts mis à la table du festin qu’elle se préparait naïvement elle-même.

On s’embrassait, on pleurait un peu ; puis le dîner, gai comme un repas de noce, s’achevait dans les rires et les chansons d’autrefois. Car elle chantait, ce jour-là, avec son filet de voix de tête : un doigt de vin fin l’avait grisée.

— Il est impossible, disait Gatienne, qu’elle ne vous accueille pas les bras ouverts. Ce serait trop triste. Nous voyez-vous toutes les deux, seules avec nos souvenirs de l’an passé ? Non ; elle mettra votre couvert, machinalement peut-être, sans y songer. Puis, tout à coup, vous entrez… Elle fait un cri, vous l’embrassez bien fort, vous lui jetez vos bouquets à la tête et nous la désarmons.