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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/45

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gatienne

C’est avec ce projet que Robert amusait la jeune fille depuis longtemps déjà, profitant de ce prétexte à leurs fréquentes entrevues pour devenir chaque jour plus familier, sans qu’elle s’en aperçût.

L’habitude — ce danger — s’emparait d’elle peu à peu.

Les dix-sept ans de Gatienne ne lui avaient pas encore parlé d’amour. Ses sens, comme son cœur, dormaient. Seule une sensibilité vive la livrait, dans toute l’ignorance de son éducation très chaste, à la surprise de ses impressions.

D’abord effarouchée, par instinct, des premières caresses de Robert, elle les reçut ensuite sans trouble, soit que le jeune homme y mît une réserve plus discrète, soit que les sensations de Gatienne se fussent engourdies dans la répétition familière de ces caresses dont elle ne pouvait deviner le danger. Elle souriait maintenant de son fin sourire de vierge, quand il baisait longuement ses doigts, ses cheveux, ses paupières. II n’avait pas encore touché ses lèvres.

Le 29 juin, mademoiselle Prieur fit appel à tout son courage pour dissimuler son émotion : cette journée l’effrayait.