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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/46

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gatienne

Elle pensait : « Viendront-ils ? »

Non, c’était impossible, depuis trois mois bientôt qu’on ne s’était vu ! Cependant on pouvait ce jour-là tenter de la fléchir. Elle se méfiait et se faisait rude. Il fallait garder la paix de Gatienne.

Par moments, elle s’attendrissait : comme elle serait triste, cette fête, et combien différente des années passées !

S’ils venaient, cependant, on pourrait peut-être les accueillir… pour une fois !

Puis elle se raidissait et, les yeux rouges, répétait :

— Non, jamais ! Robert a voulu se jouer de Gatienne ; c’est fini.

Alors quelque autre imagination arrivait qui la rendait indécise.

Ce va-et-vient de désirs et de craintes augmenta plus rapide et plus poignant à mesure que la journée s’avançait. Elle tournait enfiévrée autour de ses fourneaux où cuisait un repas suffisant pour dix personnes : de ce côté du moins, le programme n’avait pas changé.

Mais, sur la table, toute brillante dans sa parure de linge, de cristaux et d’argent, seuls, deux cou-