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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/49

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gatienne

Les passants fuyaient. La pluie s’abattait avec un bruit d’écluse, ruisselant des trottoirs, écrasant les feuilles d’où elle retombait en cascade.

Les ruisseaux enflés, devenus larges, infranchissables, roulaient leurs bouillonnements fangeux.

Gatienne marchait dans l’eau, ses bas à jours collés à sa peau toute rose : son ombrelle dégouttait, battue, pliée par la raideur violente de l’ondée.

Elle dit :

— Je suis trempée ; arrêtons-nous.

Une porte cochère s’ouvrait sur la cour découverte qui précède l’usine Joanne ; elle fit un pas, cherchant un abri, et vint s’adosser au mur sous l’étroit auvent d’un petit logis de concierge, à droite de l’entrée.

— Elle se fit toute petite, juchée sur le bout de ses pieds, blottie, ramassant ses jupes, se couvrant le nez de son ombrelle.

Robert l’avait suivie, mécontent, impatient, guettant le ciel gris qui déjà s’éclairait. Bientôt le soleil troua les nuages et diamanta le ruissellement continu de la pluie.