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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/50

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gatienne

Il se rapprocha de Gatienne, passa son bras autour d’elle, l’abrita de son corps.

Elle était mouillée aux épaules et se laissa réchauffer par la poitrine de Robert. Sous l’ombrelle, il embrassa ses cheveux.

Elle s’aperçut qu’on riait et devint rouge.

Les ouvriers groupés aux fenêtres de la distillerie, en haut, en bas, sur les portes, regardaient, faisant des gestes gais.

Une odeur capiteuse montait des pavés sous un écoulement d’eau chaude ; on lavait des barils peints en vert, entassés dans la cour. Un homme les secouait, les renversait ; le liquide fumant allait à la rue par une rigole qui passait aux pieds de Robert et de Gatienne. Un arôme d’absinthe chauffée les enveloppa. Ce parfum violent s’échappait aussi des portes ouvertes ; on voyait reluire les cuivres des alambics.

La pluie cessait.

— Allons-nous-en, dit-elle un peu étourdie.

On eût dit qu’il l’emportait.

Maintenant le soleil aveuglait, réverbéré par toutes les surfaces mouillées : la chaussée ruisselante, le glacis des trottoirs, les arbres qui