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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/51

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gatienne

s’égouttaient, les maisons lavées aux vitres étincelantes.

Quai Montebello, ils traversèrent, et gravirent les marches du trottoir élevé ; puis ils longèrent le parapet, se penchant par instants pour voir couler l’eau. Une fraîcheur exquise se dégageait de cette humidité chatoyante. Un reflet vert pâle, délicieux, moirait les eaux et flottait dans l’air avec les panaches mouvants des platanes. On eût dit un grand coup de clarté verte subitement tombée d’un ciel d’apothéose.

Gatienne et Robert passaient rapides dans ce flamboiement, lui fiévreux, elle éblouie.

En arrivant à la maison qu’ils habitaient, Robert ralentit le pas.

— Je vais monter le premier, dit-il, j’ouvrirai et vous entrerez, en passant, choisir votre bouquet.

Sans attendre sa réponse, il la quitta et disparut dans l’allée.

Elle resta une minute indécise, vaguement inquiète, songeant à « grand’mère ».

Puis elle monta un peu lente, les jambes lasses, prise d’une mollesse qui l’empêchait de penser.