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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/90

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réunissaient les membres de la famille épars dans les divers quartiers des Batignolles.

Et, chaque semaine, le vendredi, les amis plus éloignés venaient apporter le concours de leurs talents d’amateurs à cette petite société d’élite.

L’été faisait bien quelques vides dans ces réunions ; on se resserrait alors. L’intimité devenait plus grande, les poésies de madame de M… plus ardentes, et les compositions ou les improvisations musicales d’Albert plus expressives.

Un soir du mois d’août, Vanda, dont le jeu passionné et délicat interprétait le mieux les intentions mélodiques de son frère, accompagnait au piano un chant étrange, une berceuse d’un souffle héroïque qu’une jeune fille exécutait.

Dans le salon, un religieux silence. Par les fenêtres ouvertes à l’air tiède arrivaient les bruits mourants de la rue.

La chanteuse, dans la pleine lumière des lampes posées sur le piano, seule debout, attirante par l’éclat de sa beauté, semblait couvrir d’ombre tout ce qui l’entourait.

On ne pouvait voir qu’elle, sa stature presque rigide, la perfection glacée de ses formes, sa blan-