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Page:Peyrebrune - Gatienne.djvu/91

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gatienne

cheur, le velours noir de ses yeux larges et ses lèvres rouges d’où s’échappait une voix poignante, si puissante et si douce qu’elle seule était une harmonie. Et, roulée dans le rythme bizarre du chant, cette voix heurtait les cœurs les moins accessibles au langage passionné des sons.

Lorsqu’elle lança, dans une cadence endormante, la dernière note filée de sa berceuse, il y eut un soupir qui courut comme un lever de brise ; puis une explosion coupa brusquement ce demi-silence, et l’on cria d’enthousiasme. Les chaises raclaient le sol, brusquement écartées ; on se levait, on exhalait, par des mouvements et des exclamations, l’émotion contenue ; on entourait la chanteuse, qui, ne pouvant répondre à tous ces visages tendus vers elle, illuminés et attendris, souriait doucement.

Vanda se retourna et lui serra les mains :

— Bravo, Gatienne ! Jamais vous n’avez mieux chanté.

À ce moment, une petite boule fagotée de mousseline blanche, le visage rose et rond, blonde et coiffée comme un saule, écarta tout le monde et vint se suspendre au cou de Gatienne en criant :