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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/148

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Ses yeux gris flambaient ; il caressait sa superbe barbe fauve, taillée en longue pointe, d’une jolie main blanche, étroite, bien modelée ; ses jambes, l’une sur autre croisées, avaient un va-et-vient berceur, tandis que du bout de sa botte vernie il tapotait le tapis d’un mouvement trop vif.

Plusieurs fois Sylvère s’était levée, mais il la retenait, de ses fins doigts jetés en avant, qui ne la touchaient pas, mais qui l’agrippaient tout de même.

Et il l’interrogeait, curieux, positivement charmé et bien décidé à lui être utile, assurait-il.

Elle dut raconter ses débuts, effleurer la raison intime de cette vocation… forcée, laisser entendre, naïvement, sa gêne actuelle qui l’obligeait à travailler beaucoup et à placer, le plus promptement possible, son travail.

Il approuvait de la tête, la félicitait, et lui laissait entrevoir un succès rapide, éclatant, fructueux…

Mme du Parclet s’en alla un peu grisée de sa gloire future, contente aussi, au fond, de sa revanche sur M. Turmal, qui, après l’avoir si bien accueillie, la discutait et la repoussait maintenant. Certes, cela lui était une pénible désillusion que le mauvais vouloir obstiné et inconcevable du directeur du Vieux-Monde. Mais la Revue des Universités était une aussi bonne maison, également fermée, solennelle et académique, et la réputation littéraire d’un écrivain s’y établissait tout aussi brillante, encore que les modernes écoles eussent, depuis longtemps déjà, lancé l’anathème du grotesque et du poncif sur ces deux temples démodés où pontifièrent pourtant les premiers écrivains du siècle.

Peu de jours après cette première entrevue, M. de