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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/198

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— Une vraie femme, mon ami : Sylvère du Parclet, vous connaissez ce nom ?

— Pas du tout.

— La romancière, voyons, cher !…

— Ah ! fit-il, ennuyé, comme cela lui arrivait souvent, d’être pris en faute d’ignorance de tant de choses qui intéressaient ce Paris lettré.

Alix comprit et, rapidement, en quelques mots, avec sa verve mordante, elle lui glissa ce qu’il devait savoir pour aborder Sylvère ; puis, lui prenant le bras, elle se dirigea vers le groupe dédaigneux qui se tenait à l’écart : Mme de Bléry et le baron Brelley, deux orléanistes sans compromission ; Paul Ruper, républicain gouvernemental — étant financier ; — et Sylvère, qui regardait de loin la politique comme une partie d’échecs dont l’enjeu seul l’intéressait : cet enjeu, le peuple. Elle ignorait Baringer, et Louise le lui expliquait, avec des mépris.

— Cependant, murmurait Sylvère, s’il était sincère et s’il devenait puissant ! Le peuple est si misérable, ma bonne Louise !

Mais elle tressaillit, rencontrant le regard câlin et prenant du colonel qui s’avançait vers elle.

— Bon, lui souffla Louise, voici Deschamps qui imagine de faire de toi une favorite.

— Oh ! protesta Sylvère en rougissant, ce qui la rendit plus charmante encore et juvénile, si troublante déjà en son travesti.

— Cher maître, lui disait Mme Deschamps, avec une pointe de rire un peu moqueur, le colonel vient rendre hommage à votre talent et à vos charmes.

Très gauche et mal à l’aise, pour cette présentation, dans sa blouse de gamin, Sylvère inclinait la tête, regardant le bout de ses pieds avec une timidité qui en-