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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/255

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Elle le regarda, hésitante, puis :

— D’ailleurs… fit-elle. Eh bien ! soit, venez me voir aujourd’hui.

— Certes ! Après le cours ?

— Si vous voulez.

Elle gagna la sortie, par le haut des gradins, sans se retourner, et disparut. Les malades entraient.

Défilé lamentable, toujours le même en ces circonstances, car les numéros choisis le sont moins pour les besoins de la thèse que pour le divertissement des spectateurs. Ce sont les premiers sujets de la troupe, déjà accoutumés à ces représentations et faisant des grâces devant le public. Les internes, jouant les traîtres, les obligent, par des moyens qu’ils connaissent, à dévoiler leur petite insanité : on sait le mot, l’idée suggérée qui les fait partir, et on les met sur la voie.

Très vite, alors, presque à demi-mot, le docteur bredouilla une explication, prononça un diagnostic : celui-ci est guérissable, celui-là ne l’est pas. Et au malade :

— Allons, tournez-vous, faites voir à ces messieurs et à ces dames…

Une pauvre fille, atrocement pâle, en chapeau, relève sa voilette, se tourne et, ouvrant la bouche, montre sa langue qui s’agite nerveusement de gauche à droite, sans qu’elle puisse en arrêter le mouvement. Ses yeux, sa face, indiquent une névrosée par le vice ; c’est écœurant.

— C’est bien, merci, mademoiselle.

Elle salue le public et s’en va.

Une grosse vieille femme, en fichu, en marmotte, entre en dansant et levant ses jupes. Elle pirouette, essaie un cancan que les infirmières atténuent ; mais, dès qu’elle le peut, de sa jupe pincée à deux doigts,