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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/261

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Elle eut un rire nerveux qui sanglotait. Puis, s’emportant :

— Elles sont atroces, vous savez, les femmes dites « du monde » ; ah ! les dignes femelles de ces mâles odieux !

Elles, secrètement impudiques, peut-être, et se faisant un renom de vertu à calomnier les honnêtes femmes qu’ils font mourir de détresse et de chagrin, eux, parce qu’elles leur résistent. Ah ! la belle société pourrie, hypocrite, et lâche !… Tout en décor, notre fin de siècle ! de la camelote du haut en bas. Une apparence et rien dessous ; si : des ulcères sous des paillons !

Mais qu’est-ce que tout cela me fait ? Mes amis savent qui je suis. Et puis, cela finira bien sans doute !… quand je serai remariée… Mais quand !… Alors, vous l’avez vu, le pauvre être !

— Oui, j’ai même causé assez longuement avec l’interne qui le soigne, et on ne l’exhibera plus.

Sylvère, courageusement :

— Soyez franc : comment va-t-il ?

José hésita, très ému ; elle insista.

— Vous comprenez ce que je vous demande ? Oh ! je vous jure que j’ai besoin de le savoir ! dites !… car vous avez dû vous renseigner, je le vois. Pense-t-on y que ce malheureux puisse vivre encore longtemps ?

Elle palpitait, et, de ses yeux d’or, jaillissaient des feux inconnus.

— Sait-on jamais ? murmura de Meyrac. On ne peut que prévoir.

— Et l’on prévoit ?

— Certes, la maladie suit son cours ; cependant la santé physique se maintient.

— Je comprends ! Il ne veut pas mourir ! Il veut que