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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/267

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dont l’ardeur, violente et douce, coule jusqu’à travers sa poitrine qui se gonfle et se tend.

Elle peut donc ressentir des impressions sensuelles en dehors de toute instigation passionnelle ?

Décidément, une partie vibrante d’elle-même lui échappe. Sa domination morale faiblit. Elle entend rire ses nerfs, et son sang qui galope la raille, en passant. Elle devient une possédée de la vie ; le désir la touche comme la baguette d’un enchanteur. Tout tourne ; c’est l’ivresse des sens qu’elle a trouvée dans ce baiser comme à l’effleurement d’une coupe.

Conclusion logique pour sa loyauté, elle ne reverra plus Meyrac.

Toutefois, par un retour naturel de son raisonnement de femme, une rancune lui vient contre Paul : Pourquoi la laisse-t-il si tranquille, désormais.

A se défendre contre lui, jadis, elle dépensait en sensations diverses, subtiles en leur acuité, un peu de cette force nerveuse qui a failli la trahir aujourd’hui, en dominant sa volonté.

Et des vouloirs confus commencent à se formuler, à se dégager de la faiblissante étreinte de ses vertus défaillantes.

Oisive, elle se fut attardée avec quelque volupté d’âme à les sentir grandir en elle jusqu’à l’heure où ils l’auraient définitivement vaincue ; mais le labeur obstiné et la lutte inégale qu’elle livrait aux malchances, compliquées de haineux obstacles entravant son existence littéraire, la sauvèrent encore d’une défaite immédiate.

Le cœur s’apaisa devant la terreur des prochaines misères.

Car la vengeance de Labut s’exerçait sourdement autour d’elle, et de la façon la plus misérable. Parmi