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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/290

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Il répondit, presque de même :

— Oui, je m’en vais, il le faut.

— Ah !… Il me semblait… — Elle avait la gorge serrée — que j’avais quelque chose à vous dire…

— Quoi ? Cherchez.

— Je ne me souviens plus.

— Est-ce une chose en laquelle je vous serais utile ? oh ! dites alors ! Vous savez, ma chère Sylvère, que vous pouvez disposer de moi, toujours, toujours !…

— Comme vous dites cela ?

— Comment ?

— Oui, avec un élan… presque… une émotion… même une sorte de solennité ! on dirait !…

— On dirait ?…

— Je ne sais pas… mais cela m’a produit un effet singulier. Vos paroles auraient dû me faire plaisir, et… c’est comme de la peine que j’éprouve.

— Vous êtes nerveuse, ce soir ?

— Peut-être… mais, je vous retiens. Allez donc, puisque vous êtes si pressé !

— Pas de vous quitter.

— Bien vrai ?

— N’êtes-vous pas ma meilleure amie ?

— Tenez, Paul, vous allez dire que je suis folle, ce soir. Mais même ce que vous dites-la me serre le cœur.

— Oh ! bien alors, je me sauve, car si je m’oubliais jusqu’à vous paraître… trop tendre, vous y trouveriez encore quelque raison de vous faire du mal.

— Trop tendre ? Je n’ai plus à m’en plaindre !

— Me feriez-vous un reproche de mon respect ?

Elle balbutia :

— Non.

Il reprit :