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Page:Peyrebrune - Le Roman d un bas bleu 1892.djvu/291

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— N’ai-je pas assez souffert avant de me résigner à vous obéir ? Vous avez créé entre nous ce qui existe maintenant. C’est votre œuvre. Si jamais vous veniez à en souffrir, rappelez-vous que c’est vous qui l’aurez voulu ! Mais vous êtes bien trop calme, ma chère Sylvère, pour qu’il me reste une inquiétude sur ce point. Ce soir, vous avez vos nerfs voilà tout. Demain, à votre réveil, vous conviendrez, avec vous-même, que votre Paul est le plus parfait de vos amis.

Une exaspération emporta Sylvère. Elle osa crier :

— En attendant !…

Mais il ne répondit pas, et, lui prenant les mains, il les baisa respectueusement, encore qu’elles se crispaient sous ses lèvres.

— Allons, bonsoir, dit-il, à un de ces jours.

Elle, les dents serrées :

— A demain.

— Demain ? Je ne ne sais… Je ne serai peut-être pas libre.

— Même si je vous en prie ?

— Oh ! c’est convenu alors. Dans la matinée ?

— Je n’y serai pas. Et puis quand vous venez le jour, vous êtes toujours prêt à repartir.

— Dame ! les affaires…

— C’est pour cela. Venez demain soir.

— C’est que…

— Qu’y a-t-il encore ?

— Savez-vous que vous me torturez, Sylvère ?

— Bon ! c’est moi, maintenant !

— Voyons, et pardonnez-moi d’être brutal ; vous savez bien que je n’aime pas à me trouver seul, près de vous, le soir ? Je suis moins… maître de moi, et je craindrais de cesser de l’être tout à fait. Puisque vous n’avez jamais voulu être à moi, pourquoi vous