Page:Peytraud - L'esclavage aux Antilles françaises avant 1789, 1897.djvu/176

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devra être défendu aux maîtres de mutiler leurs esclaves, de leur faire subir le hamac, c’est-à-dire de les suspendre par les quatre membres et de les fouetter, et la brimballe, qui consiste à les suspendre par les mains et à les fouetter. Il arrive qu’alors les nègres « se plient la langue et se bouchent la respiration » pour mourir ; mais on leur applique le feu au bas du dos, — probablement parce que la douleur les fait crier. Patoulet trouve cependant que la brimballe n’est pas un châtiment excessif, parce que « la malice des nègres est plus grande qu’on ne saurait s’imaginer ».

Le cinquième article traite des enfants que les négresses peuvent avoir des blancs et des Indiens. Le roi consulte Blenac et Patoulet, parce qu’à la Guadeloupe ils sont esclaves, pour que leur maître n’y perde pas. À la Martinique, l’usage est que les mulâtres deviennent libres à vingt ans, les mulâtresses à quinze. Le père paie 1.000 livres d’amende à l’église ; il peut garder l’enfant en payant 1.000 livres au maître. — Il est curieux de constater que, plus d’une fois, les réponses de Blenac et Patoulet sont en désaccord absolu. En effet Blenac répond : « Il me revient de Saint-Christophe que la plupart des officiers ont épousé des mulâtresses, ce qui fait juger qu’elles n’y ont pas toujours été esclaves. » Il est d’avis que tous les mulâtres soient libres ; le père serait contraint de dédommager le maître, de nourrir l’enfant, et le produit de l’amende servirait à empêcher le commerce des blancs avec les esclaves. Mais Patoulet objecte qu’il n’est pas exact qu’à Saint-Christophe des officiers aient épousé des mulâtresses ; les mulâtres sont esclaves dans cette île. À la Guadeloupe on les a maintenus aussi dans l’esclavage pour empêcher le libertinage. Il pense qu’on doit les laisser esclaves et il est absolument opposé aux mariages entre blancs et gens de couleur.

Blenac continue à se montrer plus humain que Patoulet, et il demande que le Conseil établisse en chaque île des commissaires pour examiner les bons ou les mauvais traitements