Page:Peytraud - L'esclavage aux Antilles françaises avant 1789, 1897.djvu/376

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dans le temps des chasses ordonnées n’étaient pas remboursables. Peut-être craignait-on que certains maîtres n’eussent recours à ce moyen pour se débarrasser de mauvais esclaves. De plus, on exigeait que les plaintes en marronage fussent signées des propriétaires ou de personnes munies de pouvoirs ad hoc. Les geôliers ne devaient écrouer les prisonniers qu’après avoir reçu cette plainte[1]. Depuis le 9 février 1707, à la suite d’une réclamation de Me Noël Camusat, greffier et notaire du Cap, il avait été décidé que les frais d’entretien des nègres épaves seraient avancés par le receveur des amendes et confiscations. Les nègres devaient être vendus après un mois, s’ils n’avaient pas été réclamés par leurs maîtres[2].

Les prisons ne cessaient d’en être encombrées, au point qu’il ne restait pas de place pour y mettre les blancs. « À peine celles qui sont établies peuvent-elles contenir les nègres, et si, par hasard, on y met un blanc de la moindre considération, comment s’empêcher d’ordonner qu’il soit élargi, lorsqu’il représente la triste situation où il se trouve parmi des esclaves[3] ? » Néanmoins, il s’en faut qu’on prenne tous les esclaves fugitifs. Les habitants eux-mêmes, intéressés les premiers à les poursuivre, s’en acquittent fort mal. « Les désordres des nègres marrons continuent toujours à la Martinique et à la Guadeloupe. Si les chasses s’y faisaient avec attention, on pourrait les détruire ; mais, quand les habitants sont commandés, ils songent dans ces chasses plutôt à se divertir qu’à exécuter les ordres qui leur sont donnés[4]. « Il faudrait un prévôt et un exempt avec 9 archers dans chacun des 4 quartiers de la Martinique.

Dans un Mémoire du 15 juin 1725[5], il est dit qu’il y a à la Grenade une troupe d’environ 60 marrons qui commettent toutes sortes de désordres. Leur audace va sans cesse en croissant,

  1. Moreau de Saint-Méry, III, 111. Arr. du Conseil du Petit-Goave, 4 sept. 1724.
  2. Id., II, 92. Arrêt du Conseil du Cap.
  3. Arch. Col., C8, 34. Lettre de l’intendant Blondel au Ministre, 15 juin 1725.
  4. Ib., ib. Du même. Lettre du 31 août 1725.
  5. Ib., F, 17.