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V

Le 31 juillet 1767, fut rendu un arrêt du Conseil d’État[1], qui permettait à tous les négociants et armateurs du royaume de faire librement à l’avenir le commerce et la traite des noirs sur la côte d’Afrique. Sa Majesté révoquait le privilège exclusif de la Compagnie des Indes, à la charge pour les traitants de « payer au profit du roi les 10 livres par tête de noir qui se payaient à ladite Compagnie, se réservant Sa Majesté d’accorder l’exemption de cette redevance à ceux de ses sujets qu’elle jugera nécessaire d’encourager ». Et, en effet, le 30 septembre suivant, un autre arrêt du Conseil d’État[2] exempte les négociants de Saint-Malo, du Havre et de Honfleur du droit de 10 livres.

En même temps, le roi permettait à Cayenne la liberté du commerce des nègres pour douze ans[3]. À la Guadeloupe, les esclaves continuent à faire défaut. Le 19 juin 1769, le Président De Peinier écrit au Ministre qu’il en faudrait au moins 40.000 de plus. « Le commerce de France n’en fournit point, ou très peu[4]… » En effet, la traite française semble alors presque complètement arrêtée[5]. Nous apprenons par une circulaire du 1er avril 1776[6] que « Sa Majesté, pour déterminer les négociants français à étendre la traite des noirs sur des côtes nouvelles, a bien voulu accorder une prime de 15 livres pour chaque tête de noirs qui, après avoir été

  1. Moreau de Saint-Méry, V, 126.
  2. Arch. Col., F, 260, p. 859 bis.
  3. Ib., p. 979. Lettre ministérielle aux Administrateurs de la Martinique, 24 août 1768.
  4. Arch. Col., F, 20.
  5. Les armateurs se plaignent qu’on leur vend les nègres trop cher en Afrique. Arch. Col., B, 151, Gorée, p. 9. Lettre à M. Le Brasseur.
  6. Arch. Col., B, 156, p. 46.