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richesse sur les autres îles[1]. Aussi, pour essayer de la ramener vers celles-ci, le Conseil d’État, par un arrêt du 3 juin 1783[2], permit aux bâtiments étrangers, arrivant directement des côtes d’Afrique avec des cargaisons de 180 noirs au moins, d’aborder dans le port principal de chacune des îles Martinique, Guadeloupe, Saint-Christophe, Sainte-Lucie, Tabago, jusqu’au 1er août 1786, et d’y vendre lesdits noirs en payant par chaque tête indistinctement 100 livres argent de France, dont le produit devait être employé en primes de 100 livres également pour les noirs provenant de la traite française[3]. De plus, le 26 octobre 1784[4] il convertit en gratification de 40 livres par tonneau l’exemption du demi-droit accordée aux denrées coloniales provenant de la traite des noirs.

Toutefois, nous constatons que, même dans les temps les plus difficiles, les colons ne purent obtenir la permission de faire eux-mêmes la traite. C’est ainsi qu’une lettre du Ministre aux administrateurs de la Guadeloupe, du 13 août 1785[5], porte défense à tout bâtiment des îles françaises de l’Amérique d’aller chercher des nègres sur les côtes d’Afrique[6].

  1. Cf. Arch. Col., B, 176, Sénégal, p. 12 bis. Lettres ministérielles du 28 avril 1782 à MM. Dumonté et Glergeau (ib., p. 17, 31 octobre, et p. 20, même jour), pour qu’ils aient à protéger plusieurs navires transportant des nègres à Saint-Domingue.
  2. Arch. Col., F, 262, p. 793.
  3. Cf. Arch. Col., B, 180, Martinique, p. 44. 20 juillet 1783. À MM. le Vicomte Damas et De Peinier et à MM. de la Saulais et Foulquier : « Vous savez, Messieurs, que, dans l’intervalle des deux dernières guerres, le commerce national a porté vers Saint-Domingue tout le produit de la traite des noirs et que les Îles-du-Vent n’ont trouvé à cet égard des ressources que dans la contrebande, dont les effets sont toujours pernicieux, etc. » — B, 186, Saint-Domingue, 204, 3 décembre 1784. À MM. de Bellecombe et Bongars. Au sujet de fraudes commises à Saint-Domingue, le roi dit qu’il est résolu à « punir d’une manière éclatante » les coupables.
  4. Arch. Col., F, 262, p. 987.
  5. Arch. Col., F, 232, p. 833.
  6. Cf. Arch. Col., B, 198, Saint-Domingue, p. 166. À MM. le marquis de Duchilleau et de Marbois : Le navire La Marie-Victoire, armé par des négociants de Bordeaux, a été expédié directement du Cap, en octobre 1787, pour la traite d’Afrique. « Cette expédition est contraire aux règles établies pour le com-