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Page:Pfeiffer - Mon second voyage autour du monde, 1857.djvu/26

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des hommes que leur folie devait être une suite de la vie la plus abominable. Le gardien me fit traverser une partie du jardin, où se trouvaient plusieurs de ces malheureux ; je puis dire que je fus enchantée d’être sortie de là sans avoir reçu d’eux aucune insulte, et pour rien au monde je n’entreprendrais une seconde fois cette visite. L’aspect des fous m’a toujours inspiré un sentiment de pitié et de douleur ; à Bedlam, je ne fus pas seulement saisie de pitié, de dégoût, d’horreur, j’eus encore peur. Il en fut tout autrement des folles. Plusieurs de ces pauvres créatures se tenaient accroupies dans de petits coins et pleuraient ; d’autres restaient le regard fixe et immobile ; il y en avait une qui portait dans ses bras une grande poupée qu’elle caressait et embrassait comme si c’eût été un être vivant. Que ne doivent pas avoir souffert ces infortunées avant d’arriver là ! Quelles tristes histoires de misère, de chagrin et de désespoir doivent être ensevelies dans ce lieu de désolation !

À Bedlam il n’y à que des gens pauvres, sortis des dernières classes de la société. Pour les riches, il ne manque pas d’établissements particuliers.

Le Musée britannique, édifice superbe, contient beaucoup de salons richement dotés d’objets d’art, et c’est certainement, dans son genre, l’établissement le plus grandiose du monde. Il m’aurait encore frappé davantage, si je n’avais pas visité peu de temps auparavant le musée de Berlin, à loisir et avec une scrupuleuse attention.

La collection des antiquités de Ninive, dont Le fouilles ont été provoquées par le Musée lui-même, me semble la plus belle qui existe. Beaucoup de ces trésors sont déjà placés, et presque autant n’ont pas encore été déballés, parce qu’on ne sait où les mettre.

Le College of surgeons (l’École de chirurgie) renferme des squelettes d’hommes et d’animaux extraordinaires, des crânes des peuples de tout l’univers, une collection consi-