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Page:Pfeiffer - Voyage d une femme autour du monde, trad. de Suckau, Hachette, 1859.djvu/40

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d’épuisement ; le vaisseau ne brûla pas et les vivres ne se gâtèrent point : ils restèrent aussi mauvais qu’auparavant.

3 septembre. Du deuxième au huitième degré de latitude au sud de la ligne, les vents sont irréguliers et souvent très-violents. Nous venions précisément de passer le huitième degré, et cela sans apercevoir la terre, ce qui mit notre capitaine de la meilleure humeur du monde. Il nous déclara que, si la terre avait été visible, il nous aurait fallu reculer jusqu’à la ligne, à cause du courant qui est très-violent près du rivage ; pour ne s’exposer à aucun danger, il faut s’en maintenir toujours à une certaine distance.

7 septembre. Entre le dixième et le vingtième degré, il règne encore des vents tout particuliers. Orn les appelle vamperos, et ils forcent le marin d’être toujours sur ses gardes, car ils fondent subitement sur vous et souvent avec une incroyable furie. Cette nuit, nous fûmes assaillis d’un de ces vents, mais heureusement ce ne fut pas un des plus violents. Au bout de quelques heures tout était fini ; seulement la mer resta longtemps avant de s’apaiser.

Le 9 et le 11 septembre, nous eûmes encore à essuyer des bourrasques de peu de durée ; mais les plus fortes arrivèrent le 12 et le 13 septembre. Le capitaine appela le premier coup de vent une forte brise ; le second, il le porta déjà sur son livre de loch[1] comme un ouragan. La forte brise nous coûta une voile, l’ouragan nous en enleva deux. La mer fut constamment si houleuse que nous avions la plus grande peine à manger : d’une main on était obligé de tenir son assiette et de se cramponner à la table, tandis

  1. Le livre de loch est le journal du vaisseau. Toutes les quatre heures on y consigne exactement le vent que l’on a, le nombre des milles que l’on a parcourus, et autres détails semblables, en un mot tout ce qui est arrivé. C’est ce livre qui sert de pièce justificative au capitaine auprès de l’armateur.