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Page:Pfeiffer - Voyage d une femme autour du monde, trad. de Suckau, Hachette, 1859.djvu/67

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connue pour que ce seul fait ne suffise pas à expliquer une corruption générale et très-précoce. Nulle part je n’ai vu autant d’enfants au visage pâle et usé que dans les rues de Rio-de-Janeiro. Une seconde cause d’immoralité est assurément le manque de religion. Le Brésil est profondément catholique ; sous ce rapport, l’Espagne et l’Italie peuvent peut-être seules lui être comparées. Presque tous les jours il y a des processions, des prières, des fêtes religieuses ; mais tout cela n’est qu’un divertissement, et les principes religieux manquent entièrement.

C’est à ces deux causes qu’il faut aussi attribuer la fréquence des meurtres ; au Brésil, on tue moins pour voler que par haine et par vengeance. Le meurtrier commet le crime lui-même ou le fait commettre à vil prix par un de ses esclaves. Si le coupable est riche, il ne doit pas s’inquiéter beaucoup d’être découvert ; car l’or ici, m’a-t-on dit, peut tout arranger. Je vis à Rio-de-Janeiro quelques hommes qu’on assurait avoir commis ou fait commettre, non pas un meurtre, mais plusieurs ; et non-seulement ils étaient en liberté, mais ils étaient reçus dans toutes les sociétés.

En finissant, qu’il me soit permis d’adresser quelques mots à ceux de mes compatriotes qui veulent quitter leur pays pour aller chercher fortune sur les côtes lointaines du Brésil ; quelques mots seulement que je voudrais voir répandre le plus possible.

Il y a en Europe des gens qui ne sont guère meilleurs que les négriers africains ; ils parlent sans cesse à tous les malheureux de la richesse de l’Amérique, de la beauté des pays lointains, de la fertilité du sol et du manque de travailleurs. Mais ont-ils le moindre souci de voir s’améliorer le sort des malheureux ? Non ; ils ont des vaisseaux,