Page:Phèdre - Fables, trad. Panckoucke, 1864.djvu/203

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dit : Que mon sort apprenne à qui s’ennuie d’une vie tranquille, ce qu’il en coûte de viser plus haut.

C’est ainsi que, trop tôt gonflés par une gloire naissante, beaucoup portent le juste châtiment de leur ambition.

FABLE III
L’écrevisse et sa mère

Une écrevisse aux pieds courbés, marchant à reculons, blessa son dos rugueux contre un rocher caché sous les eaux. Sa Mère, qui désirait la voir marcher d’un pas dégagé, lui adressa, dit-on, ces avis : Ne t’amuse pas, ma fille, à te perdre en ces détours ; ne place plus ainsi tes pieds d’une manière oblique, pousse-les droit devant toi, et suis une route unie qui ne te blesse pas. — Je le veux bien, lui dit sa fille, mais marchez devant moi, et montrez-moi la route droite pour mieux assurer mes pas.

Il est par trop sot, quand on vit de la pire manière, de se faire censeur des défauts d’autrui.