Page:Phèdre - Fables, trad. Panckoucke, 1864.djvu/217

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son énorme poids au milieu de frêles roseaux, et engage dans ses branches une de ces tiges délicates. Il s’étonne alors de voir ce Roseau debout sur ces humides bords, lui qui même, malgré l’ampleur de son tronc, n’a pu braver une tempête, dont cette faible lige a porté les coups ! Le Roseau criard lui dit alors, en faisant entendre un léger murmure Ma faiblesse même prouve ma sûreté. Vous méprisez les vents fougueux et les tempêtes furieuses, et vous succombez malgré toutes vos forces ; moi, je n’oppose qu’une faible résistance au vent qui s’élève, et, si léger qu’il soit, je baisse prudemment la tête. L’ouragan se heurte contre votre tronc qui résiste, et il vient mourir devant mes flexibles mouvements.

Cette fable montre qu’on résiste vainement aux grands le ménagement seul désarme leur aveugle colère.


Le chasseur et le tigre

Un Chasseur dont tous les traits touchaient au but, troublait, jusqu’en leur fort, les bêtes promptes à fuir devant lui. Un Tigre audacieux,