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12 PHÈDRE, FABLES.


FABLE XI
LE LION ET L’ÂNE CHASSANT

Le lâche qui se vante de hauts faits peut abuser qui ne le connaît pas, mais il est la risée de ceux qui le connaissent.

Le Lion, voulant chasser en compagnie de l’Ane, le couvrit de feuillage, et lui recommanda de braire à épouvanter les animaux, plus que de coutume, tandis que lui les saisirait au passage. Le chasseur aux longues oreilles se met à crier de toutes ses forces, et, par ce nouveau prodige, effraye les animaux. Tremblants, ils cherchent à gagner les issues connues du bois ; mais le Lion d’un bond impétueux les terrasse. Las de carnage, il appelle l’Âne et lui ordonne de se taire. Alors celui-ci lui dit avec arrogance : « Comment trouvez-vous les effets de ma voix ? — Merveilleux, dit le Lion, et tellement, que, si je n’avais connu ton courage et ta race, j’aurais fui de peur comme les autres. »