Page:Philarète Drozdov - Entretiens d'un sceptique et d'un croyant sur l'orthodoxie de l'Eglise orientale.djvu/53

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S. — Certainement, il est difficile de se figurer qu’une Église se soit désunie d’avec elle-même.

C. — Vous le verrez en réalité. Voici un exemple. En 809, quand il fut proposé au pape Léon III d’insérer au symbole l’opinion toute nouvelle de la procession du Saint-Esprit du Père et du Fils, non-seulement il n’y consentit pas, bien que cette proposition fût faite sous les auspices de l’empereur Charlemagne, mais il ordonna même de graver le symbole sur deux plaques d’argent, en grec et en latin, sans l’addition des mots : et du Fils : « Hœc Leo posui amore et cautelâ orthodoxæ religionis, » ce qui veut dire : « Moi, Léon, j’ai posé cela par amour pour la religion orthodoxe et dans le désir de sa conservation. » Or, cette addition dont Léon III se défendait, l’Église romaine actuelle la professe solennellement dans le symbole de Trente. Ne voit-on pas clairement que l’Église romaine actuelle s’est séparée, en cet article de la confession, même de l’ancienne Église romaine ?

S. — Mais cet acte de Léon III que vous venez de raconter est-il authentique ?

C. — Il est attesté par plusieurs écrivains, comme Smaragde qui a écrit des mémoires sur l’ambassade envoyée au pape avec la proposition déjà citée, Anastase le bibliothécaire, Abélard, Pierre Lombard. Le patriarche Photius en fait mention aussi. Les écrivains postérieurs de l’Église romaine ne le nient pas non plus, comme Baronius, Bellarmin, Binius et le jésuite Cakhowsky. Si vous voulez examiner la vérité de mes paroles, vous n’avez qu’à consulter l’ouvrage de Théophane Procopovicz : Historia de processione Spiritûs Sancti, où vous trouverez des citations étendues de ces auteurs.