Page:Philarète Drozdov - Entretiens d'un sceptique et d'un croyant sur l'orthodoxie de l'Eglise orientale.djvu/73

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Que restait-il à faire au pape contre Photius ? Il fallait renverser ce champion de la vérité, ce dénonciateur de l’injustice, et puis partager son patriarchat. L’occasion favorable se présenta bientôt pour cela.

L’an 867, l’empereur Michel fut assassiné par son fils adoptif Basile, et ce parricide et régicide monta sur le trône. Photius lui refusa la sainte communion[1]. L’empereur ne voulut pas s’humilier par la pénitence qu’exigeait Photius, exila ce témoin de la vérité, rétablit Ignace sur le siége dont il avait été déposé par un concile et, pour donner à ce procédé violent l’apparence de la légalité, demanda au pape de le faire approuver par un concile.

Dans ce temps, le siége papal, depuis la mort de Nicolas, était occupé par Adrien ; mais c’était le même esprit dans un autre corps. Il envoya à Constantinople ses légats et, sous leur présidence, s’ouvrit, en 860, un concile qui ne comptait que cent deux évêques, mais que l’Église de Rome regarde comme le huitième œcuménique. La haine de l’empereur, l’hostilité du pape, d’Ignace et de ses partisans, se réunirent dans ce concile contre Photius. Il ne fut introduit devant le concile qu’à la cinquième séance. Après avoir protesté contre la violence, il prit la résolution de se taire, en la justifiant par l’exemple du Sauveur. À la septième séance, Photius fut destitué, anathématisé, et, comme l’atteste un auteur qui lui est hostile[2], on signa sa destitution non avec de l’encre ordinaire, mais, — chose terrible, — avec une plume trempée dans le sang du

  1. Sym. Log. in Bas. n. V. Zonar. t. III. Georg. Mon. Georg. Hamart. apud Leon. Allat, de Synodo Photiana, c. xii.
  2. Nicétas, t. 8, conc.