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Page:Philarète Drozdov - Entretiens d'un sceptique et d'un croyant sur l'orthodoxie de l'Eglise orientale.djvu/74

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Sauveur. Outre un emprisonnement cruel, la haine inventa contre lui un tourment le plus pénible pour un savant : on le priva de livres.

On peut juger de ce que fut ce concile, entre autres, par son vingt et unième canon, qui défend même à un concile œcuménique d’accuser ou de juger le très-saint pape de l’ancienne Rome ou la sainte Église romaine. Qu’aurait-on fait donc, d’après ce canon, avec le pape Libère, par exemple, qui, partageant l’hérésie des semi-ariens, signa leur confession de foi et condamna saint Athanase ? D’après ce canon, le sixième concile œcuménique n’aurait pas dû non plus juger et condamner le pape Honorius pour l’hérésie des monothélites !

Plus on cédait aux papes, plus ils étaient exigeants. Jean VIII, successeur d’Adrien, s’étant proposé, coûte que coûte, de faire la conquête ecclésiastique de la Bulgarie, menaça d’anathème Ignace lui-même si, au bout de trente jours, il n’en rappelait les prêtres grecs[1]. Mais la mort d’Ignace l’enleva du jugement papal pour le soumettre au jugement de Dieu.

C’est alors que l’empereur, irrité d’un côté des procédés violents du pape, et se rappelant de l’autre les qualités éminentes et les mérites de Photius, comme le rapportent Léon Grammairien, Constantin Porphyrogénète, Zonare et d’autres, rétablit le patriarche emprisonné sur son siége patriarchal.

Sollicité par les lettres de Basile, de Photius et d’autres Orientaux, Jean VIII envoya à Constantinople ses légats, qu’il autorisa à rétablir Photius, « le très-saint patriarche, frère et conserviteur » du pape, à réconcilier les Orientaux avec l’Église de Rome, à annuler le con-

  1. Ep., l. xxviii. Bar. ad ann. 877