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Page:Philarète Drozdov - Entretiens d'un sceptique et d'un croyant sur l'orthodoxie de l'Eglise orientale.djvu/89

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Mais, — je ne le vous cacherai pas, — la dernière proposition du catéchiste me paraît suspecte.

S. — Quelle proposition ?

C. — « Sur ce point, dit-il, il ne peut jamais arriver de changement dans l’Église. » Il paraît avoir eu l’intention de dire qu’une Église qui était la vraie ne peut cesser de l’être toujours.

S. — Eh bien ! le Sauveur n’a-t-il pas dit lui-même que « les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle[1] » ?

C. — Oui ; mais le Sauveur ne dit pas que les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre l’Église romaine ; il dit seulement : « Je bâtirai mon Église et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle ; » tandis que le catéchiste français, si je ne me trompe pas, voulait dire que si l’Église romaine est reconnue une fois pour la vraie, elle doit être considérée toujours comme telle.

S. — En effet, il est bien difficile de se figurer que la première des Églises puisse chanceler.

C. — La primauté dans les honneurs terrestres n’est point une garantie contre la tentation et la chute même.

S. — S’il en est ainsi, il est à craindre que toutes les Églises ne tombent l’une après l’autre.

C. — C’est contre cette crainte que doivent nous garantir les paroles du Sauveur, dites de l’Église universelle : « Les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle. » Les Églises particulières peuvent chanceler et déchoir. Dans l’Apocalypse de saint Jean[2], elles sont comparées aux chandeliers, qui peuvent non-seulement

  1. Matth. xvi, 18.
  2. i, 20.