Page:Philippe - Les poetes de la Savoie.djvu/146

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sorte à cette partie de la Savoie les nombreux étrangers qu’y attirent les eaux thermales. Mais le genre descriptif, en poésie, est celui qui présente le plus d’écueils ; là, l’imagination n’est plus entièrement maîtresse d’elle-même, car elle doit se soumettre à la réalité ; il faut qu’elle revête de couleurs brillantes et harmonieuses des sujets qu’elle n’a pas eu la faculté de préparer au gré de ses caprices. Jenny Bernard, qui reconnaissait cette difficulté, a eu plus de souci, en publiant son Luth des Alpes, de satisfaire son amour-propre national que son amour-propre de poète.

En effet, en parcourant les pièces de vers qui composent son ouvrage, on s’aperçoit aisément que la mission poétique de Jenny Bernard n’est pas de décrire la nature, bien qu’elle le fasse quelquefois avec un certain succès. Sous une forme un peu sèche et qui se rapproche plus souvent de la prose que de la poésie, on rencontre bien dans le Luth des Alpes quelques bonnes inspirations et des traits heureux qui font pardonner aux imperfections ; mais ce qu’il faut à l’imagination indépendante et féminine de Jenny Bernard, c’est un sujet moins grave et moins arrêté, avec lequel elle puisse jouer à son aise ; alors, comme dans sa pièce sur la Fontaine, son vers devient facile, ses peintures