Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/136

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il restait à côté de Marie, bien dessiné déjà, avec son pas simple et une certaine dignité professionnelle qui lui permettait d’être toujours à son aise. Il revenait de voir un malade, il habitait ce quartier-ci, il avait voulu traverser le Luxembourg et, comme il n’avait pas encore pris son café, il se disposait à l’aller prendre dans un établissement voisin, qu’il fréquentait parfois lorsqu’il était étudiant :

— Et si vous vouliez m’y accompagner, Madame, ceci ne vous prendrait qu’un instant de votre promenade. Moi non plus, je n’aime pas prendre mon café seul. Le café est le moment de la conversation.

Elle suivait longuement, touchée par trois mots, avec deux ailes plus vives et bien dirigées, comme lorsqu’on est porté au-dessus de sa condition. Il l’entraîna vers un café voisin, vers un coin de table dans l’ombre, et s’assit le premier pour lui laisser une place à son côté. Le café était bon, ils le prirent dans des tasses. Il tira sa montre et dit :

— Il n’est que deux heures et demie, vous pouvez encore prendre un café.

Mais lorsqu’elle leva sa voilette pour boire,