Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/271

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— J’ai tout vu tout de suite. Tais-toi. Il y a du velours sur les jeunes filles. Ça se flatte avec trois doigts. Les hommes, ils appuient trop, ils ont les dents lourdes derrière leurs lèvres. J’ai tout deviné sur tes joues. Je t’assure, une fois qu’ils vous ont touchées, ma fille, on en porte comme une cicatrice. Tu n’étais pas faite pour eux, tu étais faite pour moi. Si tu savais comme je les déteste !

Puis il y eut un silence et deux grands yeux bleus où passaient des images. Et la violence…

— Que je te voie ! Que je te voie ! Mais comment ferai-je donc pour mieux te voir ? Tu as des yeux… Tiens ! je ne sais pas si tes yeux me plaisent. C’est drôle : je te connaissais et pourtant j’ai encore à t’apprendre. Il me semble que je ne t’ai pas faite avec ces yeux-là. Tu regardais davantage. Les autres yeux avaient plus de prunelle. Ah ! tu es bien heureuse d’être jeune. Mais dis-moi, moi, comment me trouves-tu ? J’ai quarante ans, n’oublie pas.

— Tu es belle, maman.

— Tiens, touche mes seins. Ils sont fermes,