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Chapitre VIII
Les diphtongues

§ 190. On divise généralement les diphtongues en décroissantes (ou véritables diphtongues) et croissantes. Il existe bien dans notre parler des diphtongues décroissantes (ᴀᴜ, ᴀɪ, etc.) et des diphtongues croissantes (ᴜꞏə, ɪꞏə, etc.), si l’on se place au point de vue de l’ouverture relative des deux éléments. Mais, si l’on se place au point de vue de l’énergie articulatoire, toutes les diphtongues y sont décroissantes, toutes étant accentuées sur le premier élément, aussi bien ᴜꞏə et ɪꞏə, que ᴀᴜ et ᴀɪ. Il se manifeste bien dans quelques cas (cf. §§ 204 et 211) une tendance à faire passer le premier élément fermé à la demi-voyelle, mais il ne s’agit que d’exemples isolés, et qui ne modifient pas le système dans lequel les deux types de diphtongues jouent un rôle symétrique. Aussi a-t‑il paru préférable de ne pas les séparer ici.

§ 191. Ce qui constitue une diphtongue, c’est le passage progressif d’une position vocalique à une autre. La direction même du mouvement est un élément plus essentiel que le point de départ ou le point d’arrivée. On sait que ceux-ci peuvent être rapprochés par accommodation, la langue ne parcourant qu’une partie du chemin qui sépare les deux positions vocaliques (cf. Jespersen, Lehrbuch, 13, 9) ; une diphtongue ɑi est ainsi prononcée en réalité ɑɛ ou æɪ. Du moins en va-t‑il ainsi pour les diphtongues décroissantes. Pour les diphtongues croissantes, le deuxième élément, qui constitue un sommet vocalique net, est d’ordinaire assez précisément déterminé (op. cit., 13, 92). Mais justement, dans notre parler, ce deuxième élément étant atone, c’est en réalité le premier élément (plus fermé) qui constitue le sommet de la diphtongue ; aussi le deuxième